Ne pas aimer pour ne pas souffrir
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Elle est morte. On savait depuis quelques temps que c’était inévitable. Mais pas une seule fois j’ai imaginé que ça puisse être si difficile.
Pas facile le deuil. Pas envie d’être là. Tout est pesant.
Tiens, un morceaux de gâteau. Je pioche. Re-pioche. Manger m’apaise. Un apaisement fugitif, le voilà qui s’éteint déjà. Et mon estomac de se joindre à la lourdeur générale.
J’en reprends, je veux cet apaisement. Chaque bouchée est pleine de promesses, de douceur. Et de déception. Rien ne reste sinon la lourdeur.
Je m’arrête. Au moins une chose que j’aurais apprise ces derniers temps. Je me connais maintenant. Je sais qu’une insatisfaction chronique en bouche me dit qu’un blocage se cache.
Celui-ci est douloureux, je le sens. Le trouver ne sera pas un problème. Il est juste là, derrière. Encore faut-il trouver le courage pour y faire face.
Je respire. Je m‘écoute. Et je me découvre arqueboutée contre ma tristesse. Je vois que les digues sont à bout et risquent de lâcher à tout moment. Pas étonnant que je les renforce avec des sacs de gâteau. Je blinde mon estomac pour me blinder contre la douleur. Qu’elle reste enfouie, je ne veux pas la sentir.
On dit parfois des gros qu’ils sont « forts ». On ne crois pas si bien dire. Forte, je le suis à cause et grâce à la nourriture. Au fond, je me sens si fragile…
Car ne pas sentir la douleur m’est indispensable. Le ressentir équivaudrait à accepter qu’elle me manque. Le ressentir équivaudrait à ressentir tout l’amour que j’ai pour elle.
L’amour c’est trop douloureux. Les gens qu’on aime nous quittent toujours, n’est-ce pas ? En voilà encore une preuve. Cette femme, cette mère de remplacement, voilà qu’elle m’abandonne à son tour.
Ne pas aimer, pour ne pas souffrir. Une vieille habitude.
Et c’est là qu’enfin j’entends la petite voix, celle que j’étouffe à coups de barres de chocolat depuis 3 jours.
Elle me rassure.
Elle me dit que je ne suis pas seule, qu’il me suffit de regarder autour de moi pour le constater.
Elle me dit que j’ai le droit d’aimer, que j’ai bien fait de m’y laisser aller.
Elle me dit que je suis plus forte aussi grâce à ça, maintenant.
Elle me dit qu’elle est sûre que j’ai assez de courage pour affronter la douleur.
Elle dit que ça ira mieux après.
J’espère qu’elle a raison, parce que le vide est tellement immense que j’en ai le vertige.
Respire, Samia. Respire.
Et pleure, cette fois.
Pleure.
en avril dernier, celui qui était mon pilier, mon exemple, celui dont j’admirais le courage et la force est parti, sans un bruit…
Je ne sais pas où j’ai puisé la force de l’accompagner sur son lit de mort, jusqu’à son dernier souffle, mais j’étais remplie de courage, malgré les larmes et la douleur, je lui ai tenu la main jusqu’au bout…
Je t’aime grand-papa…
S’en est suivie une période d’hyperphagie atroce, où le seul moyen qui m’apaisa fût le refuge dans la nourriture…
Tant pis, les émotions sont humaines… depuis, je me suis reprise en main.
Courage Samia et toutes mes condoléances…